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29 août 2012 3 29 /08 /août /2012 09:00

Où es-tu, mon fils?

 

Où marches-tu? Au milieu de quels dangers absurdes? Au milieu de quelles merveilles jamais vues?

 

Quels auront été tes premiers mots? Dis-tu encore ba! pour montrer ce qui t'émerveille? Dirais-tu encore pa-pa! si tu me voyais?

 

Qui sont tes premiers amis? Touches-tu toujours doucement leur visage pour vérifier qu'ils existent? Debout, les regardes-tu toujours de loin enfermés dans leur bac à sable pendant que tu explores les environs sans même tenir ma main? As-tu déjà rencontré celui, celle qui te suit et t'emmène? L'as-tu déjà perdu, l'as-tu déjà perdue?

 

Es-tu souvent trop seul avec ta peine, trop seul avec ta joie, avec si peu de mots pour les chanter, avec si peu de gestes pour les danser, aussi peu que j'en ai?

 

Pourras-tu t'empêcher de m'en vouloir d'être loin, et de ne pas savoir le chemin pour revenir?

 

Te souviendras-tu que je suis ton père de chair et de coeur? Sauras-tu le chemin?

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5 juillet 2012 4 05 /07 /juillet /2012 06:40

Une gorgée de vin, la parfaite et comique vision d’une ville anéantie et la compagnie de quelques amis insouciants en apparence tandis qu’ils marchent vers le nord suffisent à remplir mon âme d’ivresse.

 

Ma femme attend là-bas sagement ou pas, allez savoir, mon retour au matin, et ses seins bruns parfaits sous la soie noire et ses mains aveugles et ses yeux qui n’oublient rien, j'espère, de nos courses radieuses et folles à travers le temps.


Mon fils rêve de planètes merveilleuses où la parole à elle seule fait le mal et le défait, comme le vent sous mes yeux joue vert et jaune à la surface du canal dix mètres en contrebas, et ses mains restent sur les draps paumes ouvertes, immenses cartes glorieuses et tendres, sûres de tout décrire, de tout toucher, de tout ouvrir au matin, si proche déjà!

 

L’aimée sur les rails, imprévisible source, est partout présente, elle qui ne le sait pas encore, et même si je ris pour me jouer de cette infinie distance entre les murs immaculés, ce rire sans fin bénit le monde.

 

La nuit est traversée de quelques solitudes. Aucune ne m’attriste. Aucune ne m’arrête. Certaines m’émerveillent. Toutes me réjouissent. Toutes sont inutiles. Bof. Quelle comédie!!!

 

Je joue pour le temps. Le temps joue pour tous. Et peu m’importe que tous ne jouent pas. Je ne suis pas—Je suis—Je suis ivre—Je veux dire infini. En attendant que la sortie vienne à moi tranquillement, Ariane ou pas, j'ai saboté toutes les horloges.


A six heures en face de la gare du nord ce sera tout de même quatre croissants, trois oeufs au plat, une belle tranche de bacon et un grand chocolat chaud siouplé.

Barataria, 2005

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5 juillet 2012 4 05 /07 /juillet /2012 06:34

Je traverse les rues et les rues me traversent.
La ville dort tout entière et ma richesse est infinie.
Autrefois j’aurais désespéré d’être seul à la pressentir, la savourer.
Aujourd’hui je suis sage, et fou, je me réjouis seul, mon esprit est en paix.
Mon corps malgré la nuit passée au dehors est brûlant de force.
Les mots simples sourdent dans mon cœur
comme au flanc d’une montagne après l’orage.
Plus rien n’a d’importance.
Vers la porte de Montrouge à cinq heures trente-sept du matin une idée me vient.
Je vais courir le monde, voir si mon bonheur tient là où personne,
Aucun, aucune de ceux que j’ai connus,
sauf elle peut-être,
ne pourra jamais rêver d’aller,
par peur de perdre ce qu’ils ne possèdent pas.
Je suis l’amoureux infini.
On n’a pourtant jamais vu plus raisonnable que moi.
J’allume un cigarillo, je relève le col de mon blouson trempé,
je souris déjà.
Et l’aube est peuplée d’autres rieurs
qui acquiescent.

 

Barataria, 2005

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30 juin 2012 6 30 /06 /juin /2012 10:21

 

 

 

 

Je suis tout et toute chose.
Huit ou quatorze mains bois allumettes tunnel olives torches caravane hérissons merde pinceaux verre cigarillo rues pluie cheveux vent parapluie piles rails escargots fleuve herbe pont feu rouille lumière acrylique géomètre
déluge arbre mains, encore.
Derniers jeux innocents.
Alors je levai un à un les voiles.
Eh ben les mecs je crois bien en avoir assez vu par ici. Cette ville est morte depuis 50 ans à vue de nez. L’un des vieux l’disait déjà. Maintenant tentons une vraie sortie, si ça vous dit. Sortons des tranchées de liberté qu’on nous a mesquinement laissées, petites, grandes ceintures parisiennes, on pourrait même les faire infinies, contemplons ce gâchis, ce désert, ce bordel négatif, et croyons le vieux fou.
Tout a d’ores et déjà été réglé.
Paris is dead. Dead Town for Dead Men and Dead Young Women.
Je n’ai plus désormais qu’un projet qui vaille : QUITTER LE MONDE.
Mourir ? Nous nous sommes mal compris... JE REVIS. Désolé… c’est vous les morts… Quant à mourir avec vous ? Mourir ici !? Plutôt vivre !!!
Laissez-moi 8 mois pour préparer ma dédaigneuse évasion et celle de quelques êtres chers, si possible dans des directions opposées selon le fameux principe de dispersion : moins on est de rebelles sur le même chemin, plus il faut d’obus de 150 mm ; moins on est de personnes en situation irrégulière dans la même maison murée, plus il faut d’indics ; et moins on est de guerilleros du verbe dans la même forêt de signes, plus il faut de rentrées littéraires.
Allez où vous voulez, ce n’est une question ni de kilomètres, ni d’heures de vol, moi je prends au sud-ouest ou au sud-est, je ne sais plus, j’ai le choix entre sauter les Alpes ou l’Atlantique, les skis de fond, le cheval ou le cargo bananier, je verrai ça au dernier moment après consultation de l’Indien fou, de l’ingénue Thrace, du combatif Gamin et du Cheval dont il est question.
Dans 8 mois en tout cas, bye bye les pourris, mes prosopoèmes à venir seront écrits dans un français tzotzile ou grec ou khirghize, merci, vous pouvez garder votre camelote académiologique, revendre ailleurs vos manuels du parfait manager et remballer allegro vivace votre civilisation de goules.
Je veux me souvenir juste d’une main froide dans la mienne sous le déluge qui cesse abruptement, d’un boulevard dont le quart d’une heure nous sommes silencieux les princes aériens, d’une fille qu’on veut défigurer que j’arrache à la meute, du vieux fou de Chinois sous l’église qui parle toujours pour moi, du labyrinthe à Picasso où la fille en formes me sourit, du type qui enterre son fils et ramène ses vêtements dans une valise que je porte sans effort, du pylône rouillé qui tangue quand j’écarte les bras pour voler, des tunnels quand on est au milieu et que la sortie visible à peine encore fait le huitième de l’ongle du petit doigt, des cheminées de béton où accroché aux barreaux rouillés à trente mètres tu comprends que si tu lâches tu es mort et tes copains sont dans la merde, d’une jeune québecoise qui me fait fumer tous les jours son infâme poison à rêver le présent, d’une fille qui m’invite à visiter son hangar à bateaux vers minuit et d’une autre qui frappe en maillot de bain à la porte de ma cabine. Et puis bien sûr il y a pas loin le fou de la Vallée des 15.000 livres et le cerf quand je courais des heures sans perdre haleine, et Laura à cheval et notre ancien champ de maïs neuf et les renards et les corbeaux qui t’avertissent que le temps brûle.
Je ne vous laisserai pas rassurez-vous sans quelques mots d’explication, quelques paroles salvatrices, quelques formules bien trempées, quelles recettes douces-amères de derrière les lignites, histoire d’inviter ceux et surtout celles qui le méritent à définitivement (dans un avenir que je leur souhaite infiniment proche) METTRE LES BOUTS.
Sachez donc que, dans l’ordre :

 
1) IL N’Y A NI ESPACE, NI TEMPS.
2) RIEN N’EST POSSIBLE. TOUT EST, OU N’EST PAS.
3) L’AMOUR EST ASSOCIATIF, COMMUTATIF, DISTRIBUTIF ET OPERADIQUE.
4) JE SUIS MILLE FOIS. (EVENTUELLEMENT LE PLUS PAUVRE, LE PLUS RICHE.)
5) DEUX ET DEUX FONT UN.
6) L’ECONOMIE EST UN ACTE FAUX.
7) SOIT ON MEURT, SOIT ON EST IMMORTEL, SOIT VOUS ÊTES UN HOMME, UNE FEMME ETRANGE.
8) LA SOCIETE SE CROIT SEULE, ET IL Y A VOUS.
9) L’ÊTRE AIME LE NEANT. LE NEANT AIME L’ÊTRE.
10) LA MACHINE N’A JAMAIS RAISON.
11) LE POUVOIR EST UNE CHAISE POURRIE.
12) LA TERRE N’EST PAS UN MONDE.
13) MIEUX VAUT NE RIEN VOULOIR PLUTÔT QUE VOULOIR LE RIEN.
14) ULYSSE REVIENT.
15) APRES L’INFIME DEDANS, VOICI L’INFINI DEHORS.
16) L’ESPRIT EST LA CHAIR.
17) LA VERITE EST INFINIE.
18) LA SITUATION A DEJA EXPLOSE.
19) TOUT COMMENCEMENT EST ABRUPT.
20) VOUS ÊTES LIBRE A TOUT MOMENT DE VOUS LEVER, ET DE PARTIR.


De rien.
Quelque part entre l’être, le néant, un échiquier et une bouteille d’un bon cognac,
Le soi-disant 2 octobre 2005.

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